mardi 19 janvier 2010

A l'heure de la néo-prostitution

Aujourd'hui je vous propose le billet multisupport ou quelque chose qui s'en approche.

Pour ceux qui ont Canalplouche en ce moment, la chaine diffuse "Mes chères études" dont voici le résumé

Laura, 19 ans, est étudiante en espagnol. Ne bénéficiant pas d'une bourse, elle travaille à côté dans une société de télémarketing. Mais c'est insuffisant pour payer son loyer, la facture d'électricité et remplir le frigo... Un jour de découragement, surfant sur Internet, Laura tombe sur la petite annonce d'un homme recherchant une masseuse. «Etudiante bienvenue ». Sans vraiment analyser son geste, en un clic, elle entre dans la spirale de la prostitution.
Ce film, que je n'ai pas vu je précise, est tiré du livre du même nom, un roman-témoignage d'une jeune étudiante, Laura D, publié chez Max Milo. Pourquoi je vous parle de ça maintenant? Parce que j'ai lu ce livre à sa sortie en Janvier 2008 avec le mémoire de Master I de sociologie d'Eva Clouet La prostitution étudiante à l'heure des nouvelles technologies de communication publié simultanément chez le même éditeur ce qui n'est d'ailleurs pas un hasard. Eva Clouet est une étudiante dont j'ai fait la connaissance quand j'étais à Toulouse et avec laquelle (syndicalisme et thème particulier oblige) j'ai eu l'occasion à plusieurs reprises de discuter avec elle. Voila pour l'explication personnelle.E t c'est elle qui a poussé Laura (qui était un de ses "sujets" pour son mémoire) a écrire son histoire.

Le témoignage est intéressant, poignant par moment mais absolument pas obscène ou choquant en terme d'utilisation sémantique. Il pose à travers ce parcours peut être pas si rare que ça certes la question de la prostitution typiquement étudiante, mais plus encore, celle de nouvelles formes de prostitution. Si la prostitution est "le plus vieux métier du monde" on parle ici de cas loin de ce que les émissions télévisés et leurs reportages aiment à diffuser. Descentes de flics, pauvres filles de l'est et horribles macs qui se font de l'argent grâce aux cuisses des demoiselles battues, sans papiers.
Non ici le rapport au "métier" est tout autre, les clients sont choisis, les tarifs élevés, les horaires flexibles. On est loin de l'image traditionnelle de la prostution dans le bois de Boulogne. Et pourtant on plonge avec Laura dans un abîme de violences souvent plus psychologique que physique même si cette dernière n'est pas totalement absente.

Le sujet est cru. et pour aller au delà, pour comprendre les mécanisme de l'engrenage, il faut l'étude d'Eva



Quatrième de couverture: 
Récemment, un syndicat étudiant estimait qu'aujourd'hui " 40 000 étudiant(e)s se prostituent en France ". La cause première en est la précarité croissante et la cherté de la vie étudiante. Cette étude, menée en 2006-2007, remplie de témoignages réels, est une description vivante de la nouveauté de cette forme de prostitution. Elle s'exerce discrètement, occasionnellement, indépendamment, à partir d'Internet, essentiellement par des jeunes femmes étudiantes qui se font appeler " escortes ".
Reste que pour ces étudiantes, le " choix " de se prostituer reste tributaire d'une série de cassures sociales et représentatives, fréquemment liées au pouvoir de l'argent, à l'attrait de certains signes matériels de richesse, et également à une double domination : masculine et socio-économique.
 Ce que l'on retire de cette étude? Que c'est un choix qui ne se borne pas uniquement à une logique financière mais qui fait partie d'une logique rélféchie, pesée, évaluée et le moyen exemple en est qu'elles fixent leurs conditions, elles se donnent le droit de refuser, exigent d’avoir un feeling, revendiquent le « social time », temps de discussion et de rencontre. L'étudiante a également dans ce cadre rencontré et questionné deux clients pour tenter de comprendre. Ici on ne se pose pas sur le ton de la victimisation ou de la plainte. Et c'est certainement ce qui donne un aspect moins rebutant au sujet originel Si le livre s'attache particulière à la population des étudiantes dans ce qui est des aspects chiffrés et les entretiens qui sont proposés, les techniques, le concept et les faits en eux même ne sont pas caractéristiques de cette population spécifique.
Un exemple?

Belle de Jour oui la célèbre Call-Girl Londienne qui a tenu et tient toujours un Blog dans lequel elle y parlait de son boulot, de ses clients, ses aventures. Le tout a donné lieu à plusieurs livres


Le livre énorme succès a suscité la curiosité en Angleterre durant des années et c'est en décembre dernier que l'identité de Belle a été dévoilée. Son blog et son livre ont ensuite été adapté en 2007 dans une série britannique Secret Diary of a Call Girl avec Billie Piper dans le role de Belle

D'ailleurs la saison 3 sera disponible en 2010



Et quand on observe et compare dans une certaine mesure ces deux expériences, on s'aperçoit que la différence n'est pas si visible que ça.
Une chercheuse en sciences, des étudiantes. Oui on est bien loin de l'image traditionnelle encore une fois de la prostitution.


5 commentaires:

  1. le premier livre dont a l'air très intéressant... J'imagine que faire un mémoire la dessus doit être passionant et dérangeant à la fois...

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  2. Oh, ton article tombe très bien ! Je ne sais plus ce que je voulais dire et dans quel ordre ... mais je vais essayer de m'en sortir ;)

    Déjà, j'aime beaucoup la série " Journal intime d'une call-girl ", parce qu'elle est loin d'être vulgaire et uniquement axée sur le sexe, mais plutôt sur les états d'âme de Belle, son évolution - d'ailleurs, ça me fait beaucoup penser au fameux Belle de Jour de Kessel :)

    Deuxio, je compte bien me procurer les deux ouvrages que tu as cités, justement parce que je me suis posé la question, plusieurs fois : si je n'avais pas mes parents pour payer mes factures, quelle solution aurais-je trouvé ? C'est même une question qu'on peut tous se poser, qu'on soit étudiant ou au chômage, la situation n'est au fond pas tellement différente ...

    Bon, j'ai encore pondu un pavé, mais c'est la preuve que j'ai aimé ton article ;)

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  3. je voulais visionner le film qui passait justement sur la chaine cryptée, mais je l'ai raté...Un sujet pas facile à traiter.

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  4. J'ai lu le livre, lorsqu'il est sorti, je le feuilletais à la Fnac et je l'ai lu, comme ça d'une traite. Il est poignant, vraiment. Tout comme, j'imagine, le mémoire dont tu parles. On ne peut, je pense, s'empêcher de s'identifier à ces jeunes filles, à leurs difficultés financières, à leur solitude aussi. C'est un débat sensible et terriblement compliqué. Mais merci de nous en parler en tous cas !

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  5. Bonjour, je viens découvrir ton blog puiqsuqe nous allons partager le swap anniversaire. Je n'ai pas besoin de te demander si tu aimes lire en anglais, c'est évident! Je crois qu'on va se trouver quelques points communs mais aussi quelques différences (l'âge!). A bientôt.

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