lundi 21 février 2011

J'ai honte pour l'Humanité

J'ai fini la nuit assise, en tailleur sur le canapé, les yeux rivés sur l'écran de télé, incapable de me détacher des images qui tournent des boucles. 10, 20 fois peut-être plus à écouter ces témoignages, finir par les connaitre par coeur. Changer de chaine, tomber sur des images encore plus folles, encore plus atroces.
Pourtant j'étais à l'abri, moi, dans mon salon, sur mon canapé, dans ma petite vie tranquille.
Dans ma petite vie tranquille justement, où j'aime me plaindre des petits désagréments du quotidien, de la pluie ou du soleil trop chaud, des gens, de tout et de rien.
Mais cette nuit je suis restée là, j'ai regardé ces images passer en boucle. Et j'ai pleuré, sans le vouloir mais sans pouvoir m'arrêter non plus.
Parce que pendant que je me plains, d'autres se font massacrer.

Je ne comprendrais jamais comment des hommes peuvent tirer sur leurs propres frères.
Je ne comprendrais jamais comment on peut avoir aussi peu de considération pour la vie humaine.
L'Homme dans son abjection la plus absolue.
A ce stade, ce n'est même plus de l'animalité.

Et puis dans ce bain de sang, il y a ces pilotes qui se sont posés à Malte pour ne pas obéir, pour ne pas tuer les leurs. Ces hommes, pour moi, ce sont des héros tout simplement. Comme tous ceux qui ont refusé un jour d'ouvrir le feu sur une foule désarmée.
Ca donne encore envie de croire qu'il y a quelque chose de sauvable chez l'homme.

Mais au delà de ces actes de courage, il y a tout le reste.
Et c'est ce reste justement qui me hante cette nuit. J'ai mal, j'ai du mal à me dire que des centaines de personnes se font massacrer pour simplement un peu de liberté. C'est tellement dérisoire vu d'ici et pourtant si essentiel.
J'ai du mal à me dire qu'une fois le réveil passé, le monde reprendra sa marche, comme les jours précédents, comme les jours suivants parce que la plupart n'en ont strictement rien à faire.
Il y aura quelques voix qui s'élèveront, d'autres qui relaieront et puis tout cela se perdra dans la masse d'informations. Une danse diplomatique et on passera à autre chose.
J'ai encore plus de mal quand je comprends que je ne peux strictement rien y faire.
Juste regarder ou fermer les yeux et dans tous les cas, me battre avec ma conscience.
Parce que ce qui n'auront rien fait sont aussi coupables, parce que c'est si simple de tourner la tête.

Alors cette nuit, j'ai juste pleuré devant mon écran parce que j'ai honte pour l'Humanité.

Edit: Après quelques heures de sommeil et une relecture, ce billet n'a vocation ni à moralisr, ni à culpabiliser. Il s'agit simplement d'un état d'âme nocturne

6 commentaires:

  1. Je fais partie de ceux qui ferment les yeux. Et je n'ai aucune honte à l'avouer. Je ne regarde les infos que quand j'y suis obligée et je ne vais pas sur les sites. Je veux faire l'autruche et l'égoiste et ne pas savoir ce qu'il se passe dans le monde. C'est trop horrible et je ne peux rien y faire. Les guerres dans certains pays ne m'empêcheront pas de me lever le matin, et se dire ça à chaque nouvelle horreur, ça fait trop mal. Alors je préfère ne rien savoir, ne rien voir. L'Humanité n'apprendra jamais de ses erreurs, et je suis bien trop insignifiante pour tenter d'y remédier.
    Alors, je l'avoue : je ferme les yeux - même si cela ne m'empêche pas de penser à ceux qui souffrent...

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  2. je ne sais pas quoi dire si ce n'est que je partage entièrement ton sentiment. L'homme est capable d'une cruauté indescriptible.

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  3. J'ai envie de croire que les larmes de honte pour l'humanité, verbalisées, font au bout de quelques années boule de neige. J'ai envie de le croire.

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  4. J'ai fini la nuit comme toi (enfin pas en tailleur) à me poser les mêmes questions que toi. Par moment c'était plus dur de suivre ce qui se passe en Libye, que de vivre la révolution tunisienne, de l'intérieur.

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  5. Cet article est magnifique, je ne peux qu’être d'accord avec tout ce que vous dites.

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  6. Bien sûr qu'il y a quelque chose de sauvable en l'homme : toi et on article en êtes la preuve !

    Beaucoup d'amour à tous !

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